12.11.04

TVA sociale et idiotie française

La TVA sociale est l'idée à la mode ces temps-ci. Balladur n’en a pas voulu en 1994, Raffarin n’en veut pas (le courage, c’est de reconnaître qu’il y a des choses impossibles, a-t-il dit récemment !), mais Sarkozy caresse cette idée, qui recueille pas mal d’appuis aussi bien à gauche qu'à droite, depuis les Verts jusqu'à le Pen ! Il s'agit d'augmenter la TVA pour en contrepartie diminuer les charges sociales, et donc favoriser l’emploi.

Il est amusant de noter que ceux qui promeuvent la TVA sociale sont souvent les mêmes qui affirment que la TVA est le plus injuste des impôts - puisqu'il « touche plus les pauvres que les riches », à la différence de l'impôt sur le revenu qui est progressif et serait donc « plus juste » (encore des idioties, mais passons).

Si la TVA sociale était instaurée, on obligerait le consommateur à financer la protection sociale des salariés, plutôt que l'employeur comme c'est le cas actuellement, ou que le salarié - seule solution libérale dont nos politiciens esclavagistes ne veulent évidemment pas entendre parler, car ils préfèrent déresponsabiliser les citoyens pour mieux les asservir.

Et ça prétend faire esprit de réforme, « secouer la chape de plomb du conformisme », alors que ça remet au goût du jour la vieille tactique du Sapeur Camembert : faire un trou d'un côté pour boucher un trou de l'autre. Faute de diminuer ou de supprimer les impôts (seule solution pour sortir de l'ornière) on veut demander plus à l'impôt, avec l'illusion qu'habiller Paul en déshabillant Pierre résoudra tous nos problèmes.

Le droit de choisir et de payer sa protection sociale comme il le souhaite a déjà été enlevé au salarié par transfert à l'employeur (via les cotisations sociales). Maintenant, on projette de "décharger" l'employeur de cette tâche, dont il n'a que faire, en la transférant au consommateur, qui n'en a que faire non plus, mais qui, étant au bout de la chaîne, est le mieux placé pour être arnaqué. S'il peut payer 19,6%, il doit bien être capable de payer 21,6%, ou même 23,6% (taux fréquemment évoqué).

Pas un moment on n'imagine que cette TVA sociale qui prétend créer des emplois et éviter les délocalisations en diminuant les charges salariales va entraver la consommation, donc pénaliser les entreprises, et donc mettre l'emploi en danger, ce qui va à l'encontre du but recherché.

L’avis de notre libéral modéré préféré, Alain Madelin, est bien connu, et je le partage :

Il est vrai que transférer une partie des charges sociales vers l'impôt permet de ne pas faire reposer notre système de protection sociale sur le seul travail. Mais, à dépenses sociales inchangées, je l'ai déjà dit, il faut bien trouver des recettes de compensation. La fiscalité n'est pas un Mécano que l'on peut impunément assembler n'importe comment. On a ainsi longtemps parlé de TVA sociale. Il est séduisant de remplacer une part des cotisations sociales par un prélèvement apparemment assis sur les dépenses de consommation. Les importations paieraient ainsi une partie de nos charges sociales, a-t-on conclu un peu vite. Les économistes démontrent que les choses sont bien différentes. C'est ainsi qu'au Danemark, les charges sociales qui pèsent sur le travail étant très faibles, la TVA, qui finance le secteur social, atteint en contre partie 25%. Mais, au bout du compte, le coût global du travail du Danemark reste équivalent à celui de la France. Et le Danemark n'inonde pas la France de ses produits devenus moins cher.
Il vaudrait mieux que nos "élites" consacrent leur réflexion à diminuer ou à supprimer les impôts. Le fait que JAMAIS l'idée ne leur passe par la tête montre bien leur vraie nature parasitaire.

Après tout, avec la TVA sociale, on n'est plus à une idiotie près. On a bien décidé que les salariés du privé devaient financer les retraites dorées des salariés d'EDF (voir le dossier du Point sur le sujet). Moi j’attends impatiemment qu'on invente le revenu minimum garanti préconisé par Christine Boutin (autre idée fumeuse), pour qu'on puisse enfin vivre sans devoir travailler ! Je préconise d’ailleurs au niveau européen une innovation monétaire qui devrait faire date : l’Euro social, un Euro social = 2 Euros ordinaires, comme ça je pourrai faire mes courses à moitié prix en payant tout en Euros sociaux !

3 commentaires:

privat a dit...

Ne faut-il pas voir dans l'idée d'une TVA sociale, la seule parade qu'on trouver nos gouvernants pour résoudre le problème lié à l'inéluctable et progressif passage des travailleurs à des assurances santé privées, et donc la chutte du système?
Ainsi, ceux qui auront réussi à echapper au système communiste continueront à le payer.
Sans oublier que c'est la secu qui finance les 35H; Ainsi, le consommateur se retrouve à payer pour travailler moins en gagnant autant!

Laure Allibert a dit...

J'ai du mal à croire à un tel machiavélisme (mais peut-être lisent-ils fréquemment mon blog et commencent-ils à s'inquiéter ?)...
Je crois plutôt que c'est une fausse bonne solution parmi tant d'autres et qu'ils voudraient bien la mettre en place, histoire de pouvoir dire : "vous voyez, on n'est pas inertes, on fait quelque chose". Beaucoup de pub (mensongère) avant, un peu de statistiques (truquées) après, et ça passera, comme pour les 35h.

Anonyme a dit...

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